Transmition et Information
un
groupe de travail sur l'Internet revisité par la psychanalyse
Quelques premières réflexions:
Lettre ouverte d'un
membre de l'atelier :
"C'est pas net", aux externautes
Le Net c'est du chaos, du chaos qui s'organise.
Le Jazz, disait Cocteau, est une catastrophe organisée.
Le chaos c'est celui qu'on ne peux qu'entrevoir car nous ne sommes
ni forcément fous ni jamais totalement fous. Une mimésis
du chaos originel où le temps pourrait abolir le temps
de l'histoire enfermée dans de l'espace. Pour le psychisme,
une régression vers le magique et la toute puissance des
pensées.
Comment recomposer une toute puissance
que l'on avait appris à refouler d'un refoulement nécessaire
et réussi ? . N'être fou que la nuit, et encore,
dans les rêves. Et voilà que l'on marche sur la
lune. Vertige impossible, vacillement du croire dans la recherche
du vrai. Je rêve et cela existe. Un temporel spatial conjuré.
Déchirement entre la tentation renouvelée d'y croire,
de rentrer dans ce monde a-temporel où l'actuel effacerait
les dates de l'histoire pourrait abolir le point d'origine le
transformer en fiction. Déchirement : faire avec de l'illusion
dans un chemin renversé une réalité (alors
que nous savons que ses preuves sont toujours des épreuves)
depuis que nous avons grandi
Chaos: celui de la psychose où les pictogrammes de l'inconscient
habituellement voilés par la coupure se promènent
à l'air libre dans un "avant" de toute liaison
logique identitaire (donné par un Je). François
Perrier nommait cet état du "Je-hors-ses-gonds"
: un théâtre sans coulisse, une lumière sans
ombre où les personnages de Pirandello ne seraient plus
en quête d'auteur
Or le Net, justement est une messagerie où tous les messages
s'équivalent, où s'abolit le corps et le contexte,
un lieu Malarméen."Dans le doute du jeu suprême,
absence éternel de lit".
Le site de Psychanalyse in situ
Quant aux créatures virtuelles
que sont les "images" du Net ? Elles bouleversent une
unité spatiaux temporelle qui s'appelle le Je fondé
sur une unité généalogique : Soit : "Je
est toujours Né.
"Dans le doute du jeu suprême
à n'entrouvrir comme blasphème
qu'absence éternelle de lit." Roland Barthes dans
la "Chambre claire", à la recherche de ce qui
fonde l'image photographique et la distingue de l'image picturale
nous en donne la magistrale démonstration quant il énonce
face à l'image enfant de sa mère, " Cela a
été ", le temps du passé.
Soit l'image comme trace d'existence, qu'un affect indexé
comme temps réel : un réel affecté d'un
temps (passé ou actuel) donc nécessairement une
image affectée par un corps soumis à la naissance
et à la mort, à la sienne non celle d'un ancêtre
etc.
C'est précisément ce que le virtuel abolit, l'incarnation
de l'image : fragment du Moi, fragment d'un Autre, fragment affecté
pour et par un Je. La connotation d'affect estampille l'Image
du Soi, d'un réel d'existence : ce est et C'est Moi ou
C'est Lui. C'est pourquoi le réel désavoué
est la raison du traumatique. "Tu n'as pas vu" ou "entendu"
ce que tu as vu. Il y aurait toujours, certes une image, mais
des images-clones qui provoquent l'angoisse
psychogène de l'inquiétante Etrangéïté
quant il se peut que le Je déconnecté de
Obstinément le souvenir traumatique reste déshabité
car les images défilent sans s'accrocher à l'émotion-souvenir-miroir.
Le miroir est donc un punctum (cf ; R. Barthes) temporel en tant
que spatial où le Je naissant peut Jouir de ce virtuel
dans un Je/Jeu qu'il échange avec "l'autre de l'autre",
dans un virtuel partagé, à condition que le sujet
ne se prenne jamais pour son image clonée mais avec l'instrument
(musique
peinture
internet
ordinateur... téléphone
interphone
répondeur
)
interlocuteur réel ou supposé. Et déjà
mon chat ne va-t-il pas chercher l'autre tout court derrière
le miroir. Certes il ne va pas y chercher l'ancêtre de
son ombre
ni de son papa.
N'est-ce point là, à cette limite, entre l'avant
et l'après, entre le dedans et le dehors, entre le "Dans-le-corps"
et le "Dehors-le-corps" que certaines cures analytiques
plus que d'autres sont conviées quand le Moi ayant expulsé
ses fantômes peut habiter chez lui et n'être plus
ni clone d'un autre ni cloné pour un autre, parasité
par tout l'univers des images-des-autres, coffré par un
"Inter-net" à perpétuité. C'est
sans doute pourquoi un autiste a retrouvé le langage grâce
à un ordinateur, qui l'a pris là où il était
Le temps où le Je s'affecte le ça se date. C'est
pourquoi nous avons décidé pour aider au développement
du site de Psychanalyse in situ sur Internet de faire du mail
par les PTT ordinaires
en attendant le Fax merveilleux qui
permet de retrouver un message ou surtout, why not ? un messager
(qui s'aime dans la disparition de ses traces) comme J.M.Masson
dans son dernier livre parut en français : "Quand
les éléphants pleurent".
Voici qui abolit ses maîtres en étant à son
tour le premier Maître.
Michelle Hartemann
paru dans le journal "papier"
de Psychanalyse in Situ,
N° 2 & 3 , mai 1999

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