La fin de la cure psychanalytique à
proprement parler, pour peu que cette fin soit décelable
et précise dans le temps, ne met pas pour autant un terme
à la réflexion qui habite lêtre qui
cherche un sens à sa vie, à partir du non-sens
de lexistence et du chaos de son histoire.
Cette quête est signe de vie, si
lon accepte de sortir dune volonté de maîtrise
et dagencement, pour accueillir ce qui fait sens au travers
de toutes les expériences créatrices du quotidien,
cest-à-dire ce qui permet dapprocher, de conforter,
denrichir et de laisser évoluer son propre sentiment
didentité. La principale visée de la cure
psychanalytique est donc de rendre à lêtre
sa mobilité psychique ; certainement pas dorganiser
son moi pour quil soit apparemment - fort et possède
un savoir pour faire face aux difficultés de lexistence.
La psychanalyse ne donne pas de recettes,
ni contre langoisse, ni contre la souffrance, ni contre
le doute. Elle ouvre lhorizon de la vie, elle donne à
lêtre le goût doser ses désirs
et le courage de les confronter à la réalité,
de les affirmer tout en sachant que peut-être ils ne trouveront
pas si facilement et si tôt à se mettre en uvre,
à sincarner comme le rêve les avait dessinés.
Il nest de rêve, comme il nest de désir,
que dans la transformation, dans lajustement de lêtre
humain au va et vient des possibles.
Très loin de tout effet miracle,
la cure psychanalytique permet au sujet détoffer
la confiance dans sa capacité créative à
mettre en jeu, à chaque instant, la part de son désir
qui exprime ce qui peut féconder ici et maintenant sa
relation à lautre et son rapport au monde. Cette
sereine assurance laisse se déployer en soi lénergie
dêtre là, situé avec justesse, dans
un mouvement et par une parole dont chacun peut répondre,
au moins partiellement, sans se trahir soi-même.
Alors, peut-être que finir une
psychanalyse serait se sentir désirant de quitter un cadre
limité et privilégié, pour mettre en circulation
dans la totalité de sa vie, une attitude juste, centrée,
authentique et courageuse. Poser sa liberté (re)trouvée
en actes qui expriment sa propre identité et qui la nourrissent
en retour.
Cest dans la relation continue
et fluide avec son soi profond que le sujet se donne à
être à la fois dans la plénitude et la précarité
de son humanité.
Ainsi, être capable daimer
et de vivre, sans forcément attendre en retour.
Sans nécessairement devoir sattacher
à quelque certitude.
La psychanalyse napporte pas de
réponse : elle en rend le besoin inutile.
La psychanalyse nest quun
chemin vers lêtre
saverio tomasella
juin 1999
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