- Tout ce qu'on veut s'avoir
sur le discours de la psychanalyse, sans l'inconscient!
Lors des assises des États Généraux
de la Psychanalyse dans le grand amphithéâtre de
la Sorbonne, ce qui pouvait laisser présager le meilleur,
l'audience y était pourtant aussi élitiste que
restreinte. Les places étaient chères et aucune
dérogation n'avait été envisagée,
même pour y assister une demi-journée ou pour les
étudiants.
Dans ce grand amphi et malgré
les indispensables écouteurs pour tenter d'y entendre
quelque chose - même en français - la voix de la
seule et unique traductrice soporifiait bien l'atmosphère
en gommant toutes différences, tant sexuelle que culturelle,
parmi les orateurs/psychanalystes
et chefs de files de
surcroît.! On pouvait malgré cela entendre un discours
sur la psychanalyse mais au détriment d'un discours
de la psychanalyse.
Les interventions aux tribunes, ou synthèses
désincarnées de plus de 250 textes parus sur l'Internet
(seulement!) et répartis en 8 thèmes, se dégommaient
cette fois d'elles-mêmes. Plus de contenu, plus d'auteurs
Non de noms!
Mais, immuablement dans le public, surgissaient ça et
là quelques sempiternels "stars" - quoique non
élus à parler publiquement par l'état Major
- n'hésitant pas eux et elles, à se nommer.
L'un bondissant des bancs, tel un diablotin
au bout d'un ressort, hors de sa boîte, pour (re)dire que
le mot clinique n'est pas du tout approprié à la
psychanalyse
.et que nous sommes tous des cas
caca
(??)
et j'en passe ! Si besoin en était on pouvait aussi acheter
leurs photos et des vidéos dans le hall, au cas où.
Psy-show est toujours d'actualité et le narcissisme lui,
se porte bien !
- Vous avez dit : subversif ?!
Après la journée organisée
(en février 97) par René Major et quelques autres
autour de la révélation faite dans son livre "
Surtout n'en parlez à personne " par Héléna
V. Besserman à Sainte-Anne, René Major a lancé
un appel pour les Etats Généraux de la psychanalyse
le 17 juin 1997 - en rappel au 17 juin 1789 bien sûr -
nous faisant entrevoir que "rien, comme dans ce temps, ne
serait plus comme avant" *
.Et pourtant ! Les Etats Généraux 2000 sont
loin d'avoir bénéficié d'un aura de révolution,
même si l'intention se devait de compter.
René Major d'ajouter : "[
]Le
président de l'I.P.A., Horacio Etchegoyen, a pu avoir
un dialogue avec Jacques-Alain Miller de l'Ecole de la Cause
Freudienne et le fait que ce dialogue puisse être publié,
est un signe du temps de ce qui ne pouvait pas se faire auparavant
- quoique l'on pense du contenu de ce dialogue - et de ce qui
ne pourrait pas non plus se faire en France actuellement."
Il ajoute : " Il y a évidemment un très grand
nombre de psychanalystes qui ne se retrouvent ni dans l'une ni
dans l'autre. De ce point de vue la France est exemplaire dans
la mesure ou il y a 15.000 psychanalystes environ dont près
de 1000 sont liés à des sociétés
affiliées à l 'I.P.A. et quelques centaines liées
à l'Association Mondiale de Psychanalyse. Entre les deux
il y en a un nombre majoritaire dans l'Inter-Associatif (groupe
d'associations issues de l'Ecole Freudienne) et tous ceux, près
de la moitié, qui n'appartiennent à aucune association
et qui ont néanmoins reçu une sérieuse formation.
C'est à l'ensemble de ceux qui participeront aux États Généraux qu'il appartiendra de déterminer
s'ils s'en tiennent à l'état des lieux, aux bilans,
aux propositions qui seront faites et à leur diffusion
ou s'ils souhaitent poursuivre quelque chose au-delà de
la tenue même des États Généraux ".*
Que devient donc la psychanalyse cent
ans après si États généraux et états
des lieux s'équivalent, décidément !?
Que reste-t-il de nos amours
et de la tendance subversive
qui a fait de la découverte de la psychanalyse une révolution
en soi ?
- Pas l'ombre d'un rêve de révolution
à bas bord !
Seul un philosophe, Jacques Derrida,
semble s'être un peu avancé à parler en terme
de résistance du point aveugle des psychanalystes, de
là où la cruauté et la souveraineté
résistent en développant l'idée de l'inanalysé
de la cruauté sans la question de l'altérité
chez l'humain.(Voir le premier quart d'heure de sa conférence
publiée dans Le Monde du 9/10 juillet 2000). J'ai retenu
ces questionnements : "Y a-t-il une cruauté inhérente
à la pulsion de pouvoir ou de maîtrise souveraine
au delà ou en deçà des principes de plaisir
ou de réalité ?" [
] " Y a-t-il
pour la pensée psychanalytique à venir, un autre
au-delà qui se tienne au-delà de ces possibles
que sont encore, et les principes de plaisir et de réalité,
et les pulsions de mort ou de maîtrise souveraine qui semble
s'exercer partout où la cruauté s'annonce ?[
]"
J'y entendais aussi une interrogation
sur une forme de désinvestissement par les psychanalystes
face à la réalité du monde. Derrida ne faisait-il
pas aussi un peu allusion à ce qui se répète
au sein des institutions analytiques et dans certaines cures
(de cruauté?).
- Non
quatre grands absents,
avec l'Inconscient
Malgré le vu de René
Major dans ce même interview: " Il existe un clivage
dans la répartition des psychanalystes dans le monde selon
leur appartenance à l'Association Psychanalytique Internationale
ou à l'Association Mondiale de Psychanalyse. Je pense
que cette bipartition est aussi amenée à être
dépassée."
Dépassé par la puissance tierce des EGP
? Refus de l'IPA et de L'AMP d'y participer ?
L'organisation de ce projet, devenu presque réalité
en juillet dernier, a peut-être buté sur l'ambiguïté
d'enjeux concomitants face à la réalité
politique au sein du mouvement psychanalytique international
et à celui du si vaste balayage de tous ces thèmes
choisis. Le contenu ne pouvait que s'effacer au profit du contenant
(?)
Les organisateurs de ces assises ont peut-être aussi trébuché
sur le doux rêve d'être aussi les "historiens
de l'avenir" de la psychanalyse
.?
L'à-venir nous le dira.
Une absence regrettable pour le moins
: aucun écho ni représentant du Groupe Bastille
aux tribunes, pourtant l'unique Association de psychanalystes
à avoir pris acte autant qu'agit en 1994, en relation
avec la réalité du social et du politique d'aujourd'hui.
L'écart entre l'Appel
lancé par R. Major pour les EGP et ce qui a effectivement
eu lieu - dîner inclus chez Ledoyen (mais pas dans le prix
!) - se mesure peut-être à ce que la Sorbonne n'était
décidément pas la Bastille, comme le mentionnait
Benoîte Michel Graziani au cours
du Forum organisé par la Fédération des
Ateliers de Psychanalyse, autour de ces États (trop?) généraux.
catherine podguszer,
paris, novembre 2000
catherine.podguszer@tiscali.fr
*
voir l'interview
à René Major (décembre 1997)
pour le Journal "papier" de www.psychanalyse-in-situ.com/
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