Personne n'est parfait !


catherine podguszer et saverio tomasella


éditions Eyrolles, Paris, 2005

 

 

 

Extrait, chapitre 5

 

De la haine en soi à la haine de soi [1]

 

Parler de jalousie, d’envie et de haine, entraîne sur des chemins escarpés[2]. Le film Vatel  en est une illustration particulièrement éclairante[3].

L’action se déroule en avril 1671. Le prince de Condé, vieillissant et ruiné, cherche à gagner les faveurs du roi Louis XIV pour se voir confier le commandement d'une probable campagne militaire contre les Hollandais. Il a convié la cour de Versailles à trois jours de festivités dans son château de Chantilly. Il confie à son intendant François Vatel (Gérard Depardieu) la lourde tâche d'éblouir le roi. Vatel, dix ans plus tôt, « maître des plaisirs » de Fouquet à Vaux-le-vicomte, avait déjà été témoin de l’implacable jalousie du roi soleil. Assisté d’une ribambelle de domestiques, Vatel trouve l'occasion d'exprimer son fantastique génie créatif. De nouveau, à son corps défendant, il est témoin des turpitudes de la cour et, au milieu de cette frénésie, il tombe en amour pour Anne de Montausier (Uma Thurman) suivante de la reine, convoitée par le roi et par l'un de ses conseillers, le rusé marquis de Lauzun...

                              

Ce film de la splendeur est en fait le récit d’un désastre. Il s’agit d’une fable sur la férocité humaine et la fascination qu’elle provoque. Il dévoile comment la cruauté a partie liée avec l’ennui et l’artifice. Le déchaînement des pulsions - plus que des passions - y montre des individus délicieux et policés à l’extrême, aux prises avec la haine, l’envie et une rage destructrice. Cette haine semble être une réaction inévitable de la négation de toute différence.

 

Seul Vatel se braque, se révolte, refuse et résiste, pour finir par se donner la mort dans un dernier sursaut d’une formidable vitalité et d’une grande force charnelle. Un moment désespéré certes, mais qui tente de défaire l’annulation et l’abjection invisibles, camouflées sous la splendeur étouffante.

 

La haine est exterminatrice[4]. Elle est fondée sur une négation de l’autre[5]. La haine dessèche l’être qu’elle veut détruire « comme un sirocco torride », affirme Ortega y Gasset. Elle « secrète un suc virulent et corrosif ». Elle maintient à une distance radicale et « ouvre un abîme ». La haine détruit et tue. « Haïr quelqu’un, c’est ressentir de l’irritation du seul fait de sa simple existence », c’est exiger sa disparition, son annulation pure et simple. « Haïr, c’est assassiner sans relâche »[6]. Il s’agit d’une exclusion : c’est l’autre ou  moi, plutôt que l’autre et moi.

 

Au contraire, détester vient de « testis »[7], le témoin. Un témoignage est nécessaire pour dénoncer ce qui semble aller de soi. Détester est une colère motivée. Elle effectue « une réévaluation qui rétablit une différenciation, une non-équivalence ».  Cela permet de séparer, de disjoindre, de distancier. De prendre du champ avec l’insupportable.

 

Tout comme la haine, l’envie est destructrice. Mélanie Klein le précise : l’envie concerne la possession d’objets ou d’attributs, convoités avec hargne. Elle correspond à une configuration binaire[8] : vouloir être à la place de l’autre.

 

Enfin, la jalousie caractérise les sentiments d’une personne face à une relation entre deux autres personnes. Elle désigne une configuration à trois. Elle manifeste le souhait, le vœu d’être inclus au sein de la relation, d’en bénéficier, parfois d’en avoir l’exclusive, quitte à prendre la place d’un protagoniste, en le mettant hors jeu. C’est ce que nous retrouvons dans la configuration père/mère/enfant.

 

Si l’on confond très souvent envie et jalousie, la complexité des prises de conscience est accrue par les masques que peut porter la haine, grâce à  l’ambivalence des sentiments[9]. La violence et l’agressivité sont surtout l’expression de la révolte, de la colère et de la rage.  La haine, elle, se pare fréquemment de froideur, d’insensibilité, de bonnes manières, voire de bonne humeur et de joliesse[10] ! Le film Vatel en est une illustration somptueuse… 

 

 

La jalousie envers soi-même

 

Une autre difficulté vient d’une voie inattendue. Ainsi, une forte jalousie ressentie dans l’enfance envers la relation privilégiée et intense qu’entretenait un parent avec une personne, un animal ou une chose, peut avoir été incorporée [11] au point de créer un sentiment de jalousie retourné contre soi[12].

 

Par exemple, un enfant malade s’est senti exclu de la relation d’un parent avec une partie de son propre corps (l’estomac, le foie, les poumons). L’enfant jalouse cette relation dont le parent semble retirer un si grand bénéfice. L’enfant se sent nié en tant qu’être au profit d’un organe malade. Le parent n’est occupé que de lui-même (ou de la reviviscence d’une relation « manquée » avec l’un de ses propres parents) [13]. Le parent se soigne en soignant son enfant, mais au point d’oublier l’enfant au lieu d’être attentif à sa douleur et d’en prendre vraiment soin.

 

Ludovic présente parfois des réactions allergiques au niveau de la peau. Sa mère semble très vigilante. Elle l’emmène régulièrement chez le médecin, même si Ludovic n’a rien. Elle préfère utiliser de la cortisone de façon régulière pour éviter toute allergie. Elle scrute sa peau. A la moindre rougeur, elle applique fréquemment de la pommade. Ludovic étouffe. Il en parle en séance. Il ne comprend pas l’acharnement entêté de sa mère. Son attention rivée sur sa peau, alors qu’il se rend bien compte qu’il n’existe pas vraiment pour elle. Il est très en colère lorsqu’il en parle. Il se demande ce que sa peau a de si extraordinaire pour qu’elle intéresse à ce point sa mère alors que lui, sa personne, son humanité, ne l’intéressent pas…

 

Plus tard, souvent à son insu, l’enfant devenu adulte n’aura de cesse de s’autodétruire pour mettre en œuvre les vœux meurtriers de son parent incorporé. Tabac, alcool, médicaments – ou autres drogues -, pratiques sexuelles violentes non protégées, sont la mise en scène de ce conflit noué autour d’un enfant apparemment adulé et secrètement honni. La haine est glaciale[14] : elle déshumanise peu à peu l’enfant[15].

 

Micaella a reporté sur son entourage actuel, la haine qu’elle a subit enfant, et de façon masquée par sa mère. Elle navigue sans cesse entre un dénigrement haineux d’elle-même - qui va jusqu’à des idées de suicide – et sa haine ouverte pour les Français, pour les hommes en général, ainsi que pour toutes celles qui lui rappellent sa mère ou à sa sœur (dont sa psychanalyste)[16].  

 

Lorsque se rajoute à cette organisation familiale l’interdit de remettre en cause le(s) parent(s), de les critiquer, de leur faire des demandes personnelles ou d’exprimer ses sentiments, la pédagogie noire,  mise en lumière par Alice Miller[17] ferme l’horizon de l’enfant.  Elle détruit ses potentialités vitales et créatrices.

 

Cela amène à la néantisation de l’enfant, la profanation de sa sensibilité et au meurtre de son âme. Lorsque la haine n’est pas reconnue en soi[18] et mise en mots à la place d’être agie, elle peut se retourner contre sa propre personne, par l’autodestruction.  Cela peut aller jusqu’à la haine de soi et même jusqu’au suicide.  L’être humain a  parfois tendance à faire son propre malheur[19].

 

Le suicide de François Vatel est autant lié à la brisure de son rêve d’amour pour Mlle de Montausier qu’à la négation de cet amour par son « maître ». Le prince de Condé l’a parié - et perdu – aux cartes, contre le roi.  Comme il aurait « parié sur un chien de sa meute » ou misé sur un collier de diamants ! Certains suicides, ou tentatives pour le mettre en scène, expriment sans autre recours l’immense révolte contre un sentiment aigu d’inexistence. En finir avec l’invivable. Il y a aussi, parfois, dans le suicide, un ultime et redoutable mouvement de haine : rester dans l’esprit de ses proches, afin de les rendre coupables à jamais

 

Que faire pour sortir des sables mouvants ? L’image poétique permet d’échapper au traumatisme. Serge Tisseron affirme que « là où la compréhension intellectuelle dessèche  et  confronte  à  la  solitude,  la  métaphore  nourrit  et  socialise »[20].

Lors d’une psychanalyse, il semble donc vital que le psychanalyste aide le patient à repérer les mouvements de haine en lui.

 

Alors  - en poursuivant la métaphore de Vatel -, la froideur et l’absence d’émotion de la majorité des courtisans viennent d’une indicible fracture[21]. D’un côté – sur développée - la raison dissèque, classe dans des tiroirs, méprise et justifie. De l’autre - bien enfouies - les émotions de l’enfant meurtri, humilié, blessé, « mâté » par la pédagogie noire. Le passage vers l’authentique est fermé, perdu. L’âme est sacrifiée, pour ne plus souffrir et endure sans broncher les piques et les vrilles des mascarades de la Cour.

 

Le parcours d’une psychanalyse permet de retrouver cet enfant assoiffé de reconnaissance et d’amour, en quête d’un témoin bienveillant, qui sera capable de l’accueillir en entier, de l’entendre et lui tendre la main pour l’accompagner, l’aider à retrouver sa dignité et sa place… Une psychanalyse ne peut, bien sûr,  changer ce qui a eu lieu dans le passé ; elle peut aider à en atténuer les séquelles dans le présent. Elle donne le pouvoir ensuite se lancer  par soi-même dans sa vie.

 

« Une fois commencées, les retrouvailles avec notre passé enfoui ne s’arrêtent jamais. Qu’y gagnons-nous ? De fonder notre identité sur nos expériences les plus personnelles ; de nous sentir à la fois plus proches de nous-mêmes et moins sensibles aux jugements des autres… »[22]

 

La liberté de la parole, la grâce des images et de la poésie, la force du rêve et des métaphores permettront à « l’enfant dans le patient »[23] d’aller sur l’autre rive : en entier cette fois-ci et disponible à ses sensations, ses ressentis, ses émotions et ses sentiments.  Pour vivre, pleinement !

 

Une certaine fermeté est pourtant nécessaire, quelquefois, pour faire émerger une personne cloîtrée dans le même scénario destructeur et qui se répète. Lorette a pu aussi compter sur ses amis pour la réveiller, alors qu’elle était prête à baisser les bras et à s’abandonner de nouveau à la fatalité.

 

 

Devenir plus lucide ?

 

Après une longue embellie, Lorette est de nouveau la proie des attaques cruelles de son mari qui ne « fait aucun effort » pour l’entendre et la respecter. Elle développe un ulcère à l’estomac. Elle fulmine : « je comprends pourquoi on dit être ulcérée » ! Pourtant, Lorette reste soumise à son mari, ne bronche pas et se laisse « enfoncer plus bas que terre ». Elle sacrifie sa sexualité de femme : « mon mari n’est pas du tout intéressé par les relations sexuelles, il n’y a que l’argent qui le fait vibrer. Cela fait des années que je n’ai plus de sexualité. C’est déprimant ! » Lorette est révoltée. Cette révolte marque le début d’une transformation. Lorette ne « veut plus continuer à vivre comme ça ». Elle s’interroge sur ses contradictions.

 

 «Je suis prisonnière depuis longtemps d’un besoin de plaire sans cesse et d’être reconnue. Cela complique chacune de mes relations. Très souvent, je souffre d’être prise pour une allumeuse. Avant, j’en voulais aux autres de ne pas comprendre qui j’étais. Ils me renvoyaient de moi une image malsaine. Cela me rendait encore plus malheureuse et j’avais encore plus le besoin d’être reconnue pour ce que j’étais. »

 

Comme Lorette continue à se plaindre de son mari et que son ulcère s’aggrave, ses amis la secouent. Ils ont « peur qu’elle développe un cancer ». Lorette poursuit sa remise en question. Elle quitte son mari, « sans divorcer… pour l’instant », s’installe dans un petit appartement et s’inscrit à de nombreuses activités : dessin, danse africaine, conférences… Elle s’épanouit et retrouve le sourire. L’ulcère régresse, puis disparaît « grâce à quelques séances d’acupuncture »…

 

« Peu à peu, j’ai pris conscience que ce besoin de plaire et cette demande de reconnaissance organisaient toute ma vie. Je restais avec mon mari, parce que je voulais avoir du pouvoir sur lui : je voulais l’influencer, le forcer à m’aimer, à me reconnaître au moins. Maintenant, chaque fois que je suis de nouveau dans une volonté de pouvoir sur l’autre, je m’en rends compte. »

 

Les mois passent encore, Lorette décide de changer de prénom pour exprimer sa « métamorphose » ; pour dire qu’elle est heureuse et libre désormais. Elle a choisi de s’appeler Olivia, parce qu’elle « aime les oliviers ». Olivia organise « une fête pour annoncer cette bonne nouvelle » à tous ses amis. « Je vis de plus en plus dans le présent, c’est merveilleux. Je n’ai plus peur des tempêtes. Lorsque je suis prise d’angoisses, j’écris, je dessine. Je me rends compte de l’état dans lequel je suis, je me situe mieux et ça passe. » Olivia arrive maintenant à prendre soin d’elle. Finie la fatigue physique interminable, Olivia déborde d’énergie, son entourage s’émerveille et lui assure qu’elle paraît « beaucoup plus jeune et détendue maintenant ».

 

« J’ai compris que je pouvais m’accomplir sans me sentir coupable. De quel droit les autres pourraient-ils me juger mal ? J’ai pu enfin devenir moi-même et ne plus faire uniquement ce que je croyais que les autres attendaient de moi… Aujourd’hui, je parle avec franchise  et sincérité. J’ai envie d’aller de l’avant, de créer un atelier d’écoute et d’expression pour les enfants. Je souhaite vraiment réaliser ce projet. Je voudrais libérer les enfants des commandements des parents, les libérer de cette croyance qu’ils devraient ressembler à ce que leurs parents veulent pour eux. Je voudrais leur apprendre à se respecter, à devenir libre et à laisser l’autre dans   l’expression de son être. »

 

Le projet d’Olivia avance. Elle ne « se reconnaît plus » ! Elle a trouvé un espace bien à elle pour accueillir les enfants. Elle est radieuse : « mes amis ont bien fait de ne pas me ménager, je les remercie encore » !

 

 

Désir d’amour…

 

S’autoriser cette liberté en allant vers l’autre, les autres, se réalise dans un double mouvement. En s’ouvrant davantage au monde, tout en reconnaissant, ou en acceptant, l’autre en soi (ou sa part obscure). Les parents et l’entourage proche sont les premiers modèles constitutifs de l’enfance. Ils peuvent devenir un véritable trompe l’œil. Il est alors vital d’arriver à se questionner comme le fait Lorette et comme tous ceux qui avancent sur le chemin de la vie. La tombée des masques ouvre sur de nouveaux horizons…

 

Yasmina[24] : « C’est drôle, mais l’autre soir avec  Nathan j’étais comme quand j’étais petite. J’avais oublié ! J’étais hyper bien, enjouée, présente, attentive. J’appréhendais avant le rendez-vous, comme d’hab, mais une fois chez lui, en le retrouvant, je me suis retrouvée ! J’avais l’impression de le voir pour la première fois. Il n’était plus comme ma mère ou comme mon père… Il était Nathan… Peut-être que mes yeux se sont ouverts ? »

 

Gérard[25] : « Je suis un minable. Un pauvre type, au fond !  Je suis sans cesse à vouloir être aimé, alors que je ne sais même pas ce qu’aimer veut dire ! ».

 

Comme Gérard, Yasmina se trouve confrontée à sa découverte de l’amour, souvent confondu avec celle du désir. Le désir, lui, est fondamentalement inconscient. Chacun(e) est gouverné par son désir. Sa découverte au travers des séances (par les rêves,  associations libres etc.) amène l’analysant(e) à des choix plus justes, plus en relation avec lui ou elle-même, et avec son présent.

 

L’amour peut être, parfois, un des masques du désir, comme pour Sourya ou pour Claude :


Sourya[26] aimait un homme indisponible, ou impossible. C’était une façon de tenter de s’affranchir de la volonté maternelle, tout en lui restant soumise dans son commandement : « Une femme ne doit pas être seule ! »

 

Pour Claude[27], aimer un autre homme que son mari masquait un désir dont elle se sentait trop coupable. Beaucoup plus tard, elle a pu s’alléger de certains regards sur elle, imaginés et bien encombrants : « Mettre en mots mon désir pour cet homme m’a fait accepter mon appétit sexuel que je n’arrivais plus à assouvir avec mon mari.  C’est sûr, Max était mon père plus ma mère !… Nous étions bien trop nombreux dans le même lit ! »

 

L’amour est une capacité à donner et surtout à recevoir.  Pourtant, donner peut devenir de la fausse bonté, en exigeant des autres une gratitude forcée : « Je te donne de la bonté et toi tu dois  me donner en retour de la gratitude. » ! Etc.… 

 

Sourya[28] : « Ma mère me dit toujours qu’elle m’a tout donné et que je suis une fille ingrate. Je ne peux rien lui dire… Je ne sais pas quoi faire… »

 

Oui, comment sortir de ce cercle infernal, culpabilisant et répétitif jusqu’à la monotonie ? Peut-être par la capacité à recevoir. Elle réside dans l’attente confiante. Cela viendra… sans la volonté de chercher à tout prix une solution toute prête et souvent trop hâtive au vaste problème soulevé par l’amour.

 

L’analyste porte vers cette attente confiante, sans solution pensée par avance. Prêt(e) ainsi à recevoir au cours de la psychanalyse les échecs ou succès[29] de l’analysant(e). Cette attente au changement et cette réceptivité va faire naître, ou renaître, l’inventivité du patient. Elle peut sembler une indifférence de la part du psychanalyste, mais il n’en est rien : « il ne peut faire taire en lui la passion de guérir, c’est-à-dire celle de voir un humain se lever dans sa dignité. »[30]

 

Guérir, c’est entrer dans le mouvement du monde et y trouver sa place : un savoir être au monde, par lequel les êtres humains tiennent ensemble.

 

 

Extraits de Personne n'est parfait! Catherine Podguszer et Saverio Tomasella (Eyrolles 2005)

 


notes

[1] Cf. S. Tomasella, Haine, envie et jalousie : psychanalyse du désastre ?, Paris, Le coq-héron, Eres, 2005.

[2] On pourra lire les éclaircissements proposés par Joan Riviere : La haine, le désir de possession et l’agressivité, Paris, Payot & Rivages, 2001.

[3] Roland Joffé, France, 2000.

[4] Voir Shoah, un film d'histoire au présent, de Claude Lanzman, France, 1984.

[5] Voir E. Lévinas, repris par A. Finkielkraut, notamment dans Sagesse de l’amour, Paris, Gallimard, 1984.

[6] J. Ortega y Gasset, Etudes sur l’amour, Paris, Payot & Rivages, 2004, pages 38 à 41.

[7] L. Mélèse, La psychanalyse au risque de l’épilepsie, Toulouse, Erès, 2000, pages 115 et 116.

[8] Nous avons déjà parlé de la dualité au chapitre 2. Harold Searles confirme cette affirmation, il constate en outre que « le patient en proie à l’envie est moins avancé dans sa différenciation que le patient jaloux ».

[9] Voir aussi le « renversement en son contraire », qui est l’un des « destins » de la pulsion (Freud, Métapsychologie, 1915).

[10] La « sentimentalité » nie la haine : D. W. Winnicott, La haine dans le contre-transfert (1947).

[11] Voir N. Abraham et M. Torok, « Deuil ou mélancolie », L’écorce et le noyau, Paris, Flammarion, 1987, pp. 259-275. L’incorporation est une « antimétaphore » ; au sens strict, elle concerne « tout ou partie d’une personne » (p. 264) : ici l’enfant incorpore son parent jaloux.

[12] Il s’agit là d’un autre « destin » de la pulsion : le « retournement contre soi-même » (Freud, 1915).

[13] Voir H. Searles, Mon expérience des états limites, op. cit., pp. 84-88.

[14] Cf. Didier Anzieu, Le moi-peau, Paris, Dunod, 1995, l’exemple d’Erronée, pp. 201-202.

[15] Voir chapitre 4, La face cachée de la lune,  « Qui hait qui ? ».

[16] Cela peut même parfois faire obstacle (ou arrêt) à une psychanalyse. Certains parlent de « réaction thérapeutique négative »…

[17] A. Miller, C’est pour ton bien, Paris, Aubier, 1984.

[18] Une déficience de maternage peut faire naître la  haine dans la relation mère-enfant. Winnicott développe cette inter- relation tout au long de son œuvre et notamment dans « La position dépressive dans le développement affectif », article cité.

[19] Plus que Freud, Ferenczi s’est particulièrement penché sur la question des traumatismes, leur méconnaissance violente et leur nécessaire reconnaissance, les mécanismes internes qu’ils mettent en place et leur résolution. M. Balint et D. W Winnicott en Grande-Bretagne, Torok, Mélèse et Tisseron, en France, ont poursuivi ces élaborations.

[20] S. Tisseron, Comment Hitchcock m’a guéri, Paris, Albin Michel, 2003, p. 81.

[21] Très souvent, cette fracture naît d’un désastre non avoué. Dit en termes techniques : le clivage est la réponse de survie au traumatisme (cf. Ferenczi).

[22] H. Searles, idem, p. 88.

[23] Cf. la clinique de Winnicott ; par exemple, La crainte de l’effondrement, Paris, Gallimard, 2000, 373 p.

[24] Les découvertes de Yasmina, concernant son père, la portent à vivre différemment ses relations aux hommes. Voir chapitre 3 : « Je rêve ! ».

[25] Gérard  passe épisodiquement (voir chapitre 3 : «Double je ») par des phases de découragement. Il arrive à s’interroger maintenant sur ses émotions et ses sentiments.

 

[26] Chapitre 2,  Ce n’est pas si simple, « Ils vont croire… »

[27] Voir chapitre 2 et 3.

[28] Voir chapitre 2.

[29] Pour Winnicott, la mère suffisamment bonne est amenée à recevoir le bon et le mauvais de son petit enfant. C’est le premier don du bébé. Sans ce don, affirme Winnicott, «  on ne sait ce qu'est recevoir authentiquement ». Il compare l’analyste, au cours d’une psychanalyse, à un parent suffisamment bon. Voir son « Elaboration de la capacité de sollicitude », Processus de maturité chez l’enfant, Paris, Payot, 1972.

[30] Lire François Roustang, La fin de la plainte, Paris, Odile Jacob, 2000,  p. 116.