psychanalyse In situ
Poésie et psychanalyse
Sophie Brugerolles
INTRODUCTION
La psychanalyse aujourd'hui éclabousse
le quotidien. Non seulement celui des Sciences humaines mais
celui de tous les acteurs de la vie sociale, de la vie politique,
de l'actualité. Rejointe par la vulgarisation de cette
méthode d'investigation psychologique visant à
élucider la signification inconsciente des conduites et
dont le fondement se trouve dans la théorie de la vie
psychique formulée par Freud, je suis là pour vous
faire part du lien que j'ai établi entre Poésie
et Psychanalyse. Je vous propose donc un travail atypique, une
expérience personnelle et authentique, incarnée.
Par la Poésie, en effet, j'ai effectué, quant à
moi, un travail des profondeurs qui ne s'est pas résumé
à l'art de combiner les sonorités, les rythmes,
les mots d'une langue pour évoquer des images, suggérer
des sensations, des émotions mais bien plutôt en
l'Art de s'allonger, non seulement dans le sens de se coucher
mais surtout dans celui de poursuivre un chemin hors de soi visant
à croître tout simplement.
L'important, comme le disait le grand
poète André du Bouchet est de s'ouvrir à
un monde de feuilles battantes, où l'urgence est d'écrire,
où le papier est foyer.. Ma poésie se veut aveu
de lumière
sans rien omettre, ne pas tout dire cependant
Ma
parole sera ouverte, offerte comme un fruit et ce don n'aura
de sens que s'il est reçu
En poésie comme en psychanalyse, le lire est avec soi,
avec l'autre, l'audace du lecteur ou du psychanalyste étant
de s'y risquer. En effet, comme de la plus grande hauteur, on y
plonge avec l'auteur.
La démarche poétique me
semble rejoindre la démarche psychanalytique. On y lit
le combat des mots pour venir au monde, le coupant, la peur de
celui qui crée. On se prend au mot, on subit sa morsure,
le poème bouleverse. L'intonation des sentiments du patient
est remplacée par un mot ou le silence entre les mots
et au moment des pleurs, tous les mots sont de l'eau
La poésie, comme la psychanalyse,
c'est le réveil, l'évocation, l'association. C'est
parler la presque impossibilité de dire. C'est se sentir
tourné vers l'intérieur mais nourri de l'extérieur,
en chemin toujours.
En poésie comme en psychanalyse,
c'est dur d'être vivant
ÉCRIRE D'AIMER
Ne pas se contenter seulement de la lecture,
En venir soi-même, un jour, à l'écriture,
Accoucher enfin
De ces feuillets où ma faim
Est livrée en pâture.
De ratures en moutures,
Suivre sa pente, son talent, sa nature,
Oser, tenter ce luxe, partir
à l'aventure
Accepter puisque je suis des mots,
De les parler,
Les mettre en ligne.
Écrire pour toi futur vecteur,
Pour toi belle inconnue,
Pour l'aveu pur et nu
Pousser un cri, un droit d'auteur.
Pour toi, liseur d'essai,
Écrire, non par hasard,
Mais par nécessité,
Le choix du pire,
En toi m'inscrire quitte à souffrir.
Être le soi disant
Taquiner le soi distant,
"S'exister".
En soi souscrire quitte à sourire.
Écrire à ma souvenance
Mon unique romance.
De la grille du complexe
M'extraire,
De la gangue du socialement correct
M'extirper !
Exploiter mon penchant de femme poétique,
Exercer mon droit de Femme politique,
Pour mon bien voter pour l'écrit,
Pour y prôner la paix.
Le choix de Sophie à tout prix.
Écrire pour rire à en pleurer,
Par mon désir.
Parce que tel est mon bon plaisir.
Écrire pour déduire,
Pour à vrai dire aussi séduire
Écrire par jeu l'enjeu du Je sans se leurrer,
Écrire le trop, le peu, le manque.
Tout flammes,
Noircir des pages,
Blanchir son âme.
Brûler d'un feu léché
Sentant le renouveau,
S'immoler sous le flux
Des pensées innommables,
Replonger avec joie
Dans ses feuillets
Le soir
Toucher l'intime
Jusqu'à l'ultime.
Et au delà de toute pudeur
Épurer
Élaguer
Mettre à jour
La nuit.
Rêver d'écrire, être
inspiré,
Se laisser aller.
Se délivrer de ses maux
Au bas mot bien salés.
Transpirer pour les transcrire
Sans pour autant mourir d'écrire.
Enjamber l'alphabet,
Le politiquement correct.
Choisir le poétiquement psychanalytique
Endosser le psychanalytiquement poétique..
Mourir à soi,
S'ouvrir et composer,
Écrire d'aimer,
Se coucher
Puis se signer
De tant avoir rimé
Jusqu'à mûrir d'écrire.
POÈTE
Les vrais poètes n'ont que faire
des formes contraignantes,
Des strophes agonisantes en plates rhétoriques,
De rimes sophistiquées aux tournures geignantes,
D'anthologies d'esthétique bizarres et cathodiques.
Les vrais poètes n'ont pour eux
que leur corps et leur sang
Pour veine d'inspiration, leurs passions et leurs pleurs
Pour unique pourvoi aux vers incandescents
Convoyant le séant, l'indécent, le vaquant et le
leurre.
DÉSIR
Couler en l'écriture comme vierge
en monastère,
Larges paumes ouvertes, se fléchir, se taire,
Subir sa dictature et ne plus toucher terre,
Se tendre vers les cieux, être paratonnerre.
Par la grâce des mots faire parler
le silence,
Glisser en poésie l'instant de toute urgence,
Hisser depuis son cœur tout ce qu'alors on pense,
Offrir en transparence son âme en une danse
Entrer en analyse pour chercher des repères,
Se laisser regarder dénudée sans imper,
Mains libres tracer d'un trait son désir d'être
un pair
Oser le parallèle et respecter le père.
A deux se réfléchir, se
donner et s'unir,
S'affranchir du passé, bâtir un avenir,
Restaurer, investir, s'ériger en menhir,
Permettre à tous ses vœux enfin un devenir.
Enjambée la barrière, shooter
peurs et jamais,
Au chevet du mal-être, lever l'inexprimé,
Entrouvrir les possibles. De ce don animée,
Veiller la chrysalide , dynamiter d'aimer.
DISCUSSION
Quand tu parles pour ne rien dire, fuyant
la joute et l'ecchymose,
Par habitude ou pour paraître, te résumant à
peu de chose,
Quand tu parles pour parler, sans art, sans âme, sans intérêt,
Pour meubler, inconsistant, un blanc, d'un cran d'arrêt,
Je me fais violence
Et préfère me taire.
Quand tu parles de toi, insatiablement
satisfait ou mécontent,
Par ton ego seulement préoccupé, toujours avare
de ton temps,
Sans te soucier de moi, de ma quête, de ma demande,
Oublieux de croiser mon regard en amande,
Je rentre ma souffrance
Et préfère me taire.
Quand tu parles des autres, des ayant
tort par avance, des absents indigents,
Dénigrant, décapitant d'un air désobligeant,
d'un mot sournois désengageant,
Te contentant de répéter, à peu de frais
de plaisanter, de jouer à qui mieux nuit ,
Jetant le trouble, le discrédit, sans le moindre regret...
la nuit,
Je maudis ta présence
Et préfère me taire.
Quand tu essaies d'être toi-même,
acceptant les conditions de la discussion,
M'ayant choisie pour te livrer, prêt à te remettre
en question,
Te risquant à donner une part privée, à
partager vraiment ce qui t'anime ou te soucie,
Je t'estime de t'exposer ainsi,
Je t'accueille en silence
Et préfère me taire.
Alchimie de l'écoute,
Travail du silence,
Telle le phénix
Alors
Ma parole vers toi
Très tendrement s'élance
Joyeusement convole
Libre s'affranchit.
LA PAROLE VRAIE
Les mots sont des passeurs de vie
Et d'émotion
Larme blanche
Au pays des pourvoyeurs de vers.
Ils prennent,
Quand je les lâche,
Le timbre de ma voix,
La couleur de mes états d' âme,
L'insensé de mes pensées,
La saveur de l'impudeur,
Le relief de la parole vraie.
QUESTION
Dans l'acuité du noir
Ta question pertinente
Me lancine me percute.
Dans l'opportunité du soir
Ta question insolente
Me fascine me culbute.
Point d'interrogation
Bulle galbée, décapante,
Indiscrète parole
Ta question m'attend, patiente, toute attention,
Torture pernicieuse
Violant un espace où je m'étiole, m'isole et me
désole.
Elle me précipite en eau trouble
M'inflige une rougeur au front
Dans le dos une suée d'outre-tombe
En mon camp retranché me double
Me nargue avec affront
En vérité m'atteint pour que le masque tombe.
Mes réticences exacerbées
Je me sens sur le gril
Brûlante, pain au fournil.
Une dernière fois en un réflexe inné
Je m'arc-boute contre son trait d'emblée.
D'une hésitation tremblée
Coeur tuméfié assurance liquéfiée
J'embrasse mon angoisse, osant te défier.
Ta question à l'état sauvage
Me sauve du naufrage.
Parachutée, ta question fieffée
rouée
A surfé sur l'entre deux réponses,
Râpante, récurrente pierre ponce
Décodant mon sourire moite, mon ego enroué.
Ta question en suspens quelque part humiliante
A rouvert ma blessure. Elle saigne mon souci.
L'essentiel est là, le doigt sur la brisure.
Maintenant je puis grandir et guérir. Merci.
OBSÉDÉE
Obsédée maniaco-expressive,
Intoxiquée d'une drogue illicite,
Affamée du dire,
Assoiffée de l'ouïr,
Croqueuse du déviant,
Buveuse du déroutant,
Semeuse en controverse,
En travées parallèles
Je suis.
Je mêle nos désirs en mes
jeux d'écritures,
Jugulant ma passion,
Mes pensées débridées,
Je tourmente le tout,
Exhume mon litige,
Exhale mon vertige,
Le dépasse, le transforme,
Le broie et le décline.
Je m'y métamorphose
Et de ce trop j'explose.
Je respire en ces lignes,
En ces doux exercices
Mes démons regardés
Sainement m'exorcise.
Terrestre nourriture, mi-ombre, mi-lumière,
Je veux en ton boudoir scandaliser l'ennui,
Dans l'entre-deux vouloir dynamiser la nuit.
En la serre du transfert,
Au divan d'analyste,
Au bleu de ton miroir,
Je nous pense et nous rêve,
Je nous aime et je suis.
J'écris l'enjeu du rêve,
Célestes ouvertures,
Je ris de nos images
Epurées d'enfants sages,
Et j'ose le dit du dire
Par lequel en deçà
Je suis.
SECRET
Secret, ce mouvement qui me pousse à
t'admirer quand tu joues du piano,
Secret, cet élan qui t'anime et te permet d'interpréter
Liszt, Chopin, Ravel ou Scriabine...
Secret, cet instant où tu as glissé
ta main dans la mienne dans le noir d'un soir,
Secret, ce regard dans la nuit, cette complicité lors
d'un bain de minuit...
Secret, ce mot tendu timidement, regardé
lire sens en effervescence,
Secret, ce que tu m'as dit, ce que j'ai répondu...
Secret, d'un jour, parfois d'une vie,
Secret, ce moment dans le temps suspendu...
Secret, ce que je pense en t'écoutant,
Secret, ce que je ressens en me livrant...
Secret, ce qui me peine ou me transperce,
Secret, l'état où tu me transportes...
Secret, ce dit ou ce non-dit sur lequel
on s'appuie, se construit ou bien parfois se noie...
Secret, à qui je pense en écrivant ces lignes...
Secret, le sacré...
Secret, ce qui se crée...
INSOMNIE
L'insomnie se faufile, entrechats, entre
rêves,
Insidieuse et moqueuse de sommeils en réveils,
Fait écran, page blanche et me force à la veille.
Morphée en parenthèse, j'y lis en tenue d'Eve.
Aux sources inspiratrices, dès
l'aube en agonie,
Etat où s'interprètent mes songeries obscures,
Non, je ne te hais point et point te calomnie
Tant tu es ma compagne et me tiens lieu de cure.
A toi les heures données sont
des cernes creusées,
Le lieu de la question et souvent sa réponse,
Entre vie et trépas le lien, un tas de ronces
Ecorchant l'âme à vif, nouant l'esprit rusé.
Tu es belle de nuit, traître et
troublante amie,
Au séant me retiens dans l'ombre soupirant,
Je t'accueille en mon lit et te suis conciliante,
Sans peur du face à face ô ma soeur ennemie.
FEMMES
En utilisant les mots : frivole, fredaine,
Freud, feu, folie, fin,
faim, froid, frisson, famille, fille.
Les femmes de ma vie oublient d'être
frivoles.
Rebelles comme tigresses, elles brûlent de mille feux.
Attisées par la faim, elles croquent
avidement
Les fruits de la passion et ceux de leurs liaisons.
Freud en sait quelque chose, elles aiment
à la folie
Les êtres au plus profond, les arts et leurs frissons.
Elles allient savamment force, cur
et sagesse,
Le sens de la famille, l'humour et le bon sens.
Elles passent en douceur de leurs filles
les fredaines,
Réservant au travail leur plus ferme exigence.
Les femmes de ma vie savent rire et pleurer,
Embrasser l'avenir sans en craindre la fin.
Pour leurs fils elles se battent, debout
comme des hommes,
Sans avoir froid aux yeux, défiant presque Dieu.
Femmes d'esprit, femmes de foi, femmes
complexes,
De pouvoir, de devoir, vous êtes mes compagnes.
Femmes de caractère, femmes doubles
et belles,
Qui osez, qui bravez, merci pour nos rencontres.
RENCONTRE ENTRE DEUX INCONNUES
Y : Vingt-quatrième sur vingt-six
! Mauvaise élève !
X : Vous êtes plutôt mal
placée pour vous moquer,
Avant-dernière si je ne m'abuse ? Malgré votre
option grecque !
Y : Vous ne savez même pas signer
!
Vous vous contentez d'une petite croix !
Vous ne valez pas la moitié d'un zéro !
X : Chez les Romains, je vaux un dix,
ne vous déplaise !
Chacun sa croix !
Y : Quel avenir envisagez-vous ? Quelle
fonction
?
X : L'école Polytechniques ! Vu
ma qualité, ordonnée je suis, abscisse je serai
Y : Mais vous n'y pensez pas sérieusement
tout de même !
Vous au chromosome si fragile !
Sans compter que vous seriez une inconnue au bataillon !
Je lis : Née sous X !
X : Allez déposer une plainte
si vous l'osez !
Contre X naturellement !
Y : On ne sait ni d'où vous venez,
ni où vous allez
En plus vous êtes de celles qui ne se prononcent pas
Quel art du camouflage !
X : Entre l'alpha et l'oméga,
je ne suis qu'un rayon,
Je suis celle qui suit
Sur le parcours aride de l'alphabet humain
Consonne par erreur
J'aurai pu naître voyelle
Alors la force des lettres en eu été changée
Y : Savez-vous qu'à nous deux
nous valons presque un homme ?
X : Désolée de vous décevoir,
Histoire de chromosomes
Si je me multiplie par deux
Je me déclinerai au féminin
Eh oui, j'ai un faible pour le sexe faible !
A toi Gérard
Émacié, ton visage épargné,
Embourbé, ton être disloqué,
Embrochée, ta jambe suppliciée,
Dénudé, ton corps disgracié,
Enturbannée, ta chair vive greffée,
Ensanglantées, tes cuisses épluchées,
Enroués, tes poumons essoufflés,
Moulues, tes côtes maltraitées...
Caressants, tes yeux inquiets,
Touchante, ta voix ourlée,
Belles, tes mains expertes effilées,
Transparente, ta peur articulée,
Criante, ta révolte impuissante,
Contrarié, le médecin passionné,
Hésitants, tes pas d'ex-ventilé,
Angoissé, le patient extubé,
Retrouvée, ta famille bien-aimée,
Glorifié, l'officier secouru,
Fortifiée, ton âme endolorie,
Chaviré, l'homme jeune miraculé...
Car tu es là !
Chambre 306 - Hôpital de Poissy
- Service orthopédique
(02/03/2000)
ÉCORCE
Hommage à Yvette
Entrebâillée
L'écorce
Déshabillée
La force
A vif
La sève
Se reçoit
Bonté
Authentique
Du regard
D'entre soi
Beauté
Antique
Du fruit de pêche
Tissée de soie
Chambre 328 - Clinique de l'Europe Marly
- Service de cancérologie
20 Avril 2001
Coup de cœur
De la Méditerranée
Ci pendue au Grand Palais
J'avais parcouru les saluts et les regards
De Courbet, Loubon et Guigou
Peignant sans artifice à l'école réaliste
Les Paysages jusque là ignorés.
M'arrêtant à la paisible"Estaque" de Paul
Cézanne
J'avais marché nonchalamment sur les Rivages de Cross
et Braque
Escaladé les Rochers de Monticelli, Renoir et Monet
Survolé les Mythes de Picasso et de Chavannes
J'ai reçu "Luxe, Calme et
Volupté"
A travers les arbres
J'ai adhéré en oblique à la vive "Estaque"
de Derain
Je conçois la Villégiature comme Mayol, sur "la
Vague"
De Ports, pêches et voiles j'ai retenu les barques bicolores
de Dufy le Fauve
Mais s'il fallait ne se nourrir que d'une
seule oeuvre
Je décernerais "La Palme" de cette exposition
non pas à Bonnard
Mais à celui qui a su saisir l'éphémère
Créer une Ouverture sur la mer
Osant les contraires
Convoquant la lumière en infiltrant le noir
Proposant le don en la douceur d'un velours bleu nuit
La langoureuse plainte muette d'un violon alité
Le rouge et l'or d'une banquette verticale
La persienne ouverte d'une chambre confinée en sa pénombre.
J'y vois de l'être humain le dilemme
éternel
Entre ce que l'on est et le rêve de soi
Cette capacité de recevoir le présent en son fort
intérieur
Cette volonté de se projeter dans l'avenir sur la grève
de sable blanc
Avec le désir hurlant de marcher au soleil entre les vertes
palmes
Et l'azur ondulant.
Je rends hommage à Matisse
Qui écrase l'exposition d'une luminosité suffocante
Au travers d'un volet entrebâillé
Sur l'espérance de tous les possibles.
Rideaux grands ouverts
Il me permet de jouir en un instant sublime
Du ressenti Méditerranéen qui est aussi le mien
Des sens et des vibrations d'un vent de liberté révélé.
Fenêtre ouverte sue la mer
(Texte d'Yvette Catherine Wilhelm auquel
je propose une relecture en modifiant ce simple mot :
La mère
)
Vague à vague
La mère tisse sa piste
De lumière et de ténèbres
Elle, fenêtre grande ouverte
Sur un horizon incertain
Rêve de mère étale et d'écume diaphane
Son corps immobile qui se voudrait au repos
Ne distingue pas le voilier au loin
Elle observe la vague déferlante
Elle écoute la tempête du dedans
Heures houleuses au souffle haletant
De l'autre côté de la déchirure
Le rivage de la délivrance
La terre ferme
Pressentie comme la terre promise
Passera t'elle à gué ?
A l'affût de son écho intérieur
Elle attend
Dans la demi clarté du jour
Elle attend
Debout, sans révolte
Elle attend
L'âme presque tranquille
Le ciel avec ses trouées de lumière
Parle des mystères du monde
Du visible et de l'invisible
Du dessein de Dieu
De la confiance dans le jour qui vient...
LA POESIE,
catalyseur de la psychanalyse ?
Par la psychanalyse
Et par la poésie
S'éprendre d'amour
Pour sa liberté,
Se passionner
Pour sa vérité.
Des cinq sens
S'écrire au quotidien
Au vingt et unième siècle.
Désenclaver le soi
Le relier à l'autre
Par le verbe fait acte.
Se donner le courage
De briser ses tabous,
Laisser tomber ses chaînes,
Se donner d'éprouver
Sa véracité,
Sa souffrance,
Mais aussi
D'indescriptibles joies.
S'enhardir à être
Selon son envie d'être,
Repousser certaines limites.
Hésiter un temps avant de basculer,
Saisir tout entière cette opportunité,
Faire sien cet espace Aphrodite,
Temps zéro
Suspendu en lieu d'O.
Parcourir immobile
L'étendue audacieuse.
Braver tous les regards.
Rencontrer, déchiffrer
Et parler son désir.
Se laisser le temps
De s'accorder à soi-même,
De se permettre d'oser
Lever le voile,
D'accepter l'intimité qui se crée
Avec ce partenaire
Avec lequel
Se forme tandem.
Devant toi, devant moi,
Devant ceux au divan
Ayant franchi la page
Se dépouiller,
Mourir à soi et puis renaître.
Sondée par la psychanalyse,
Portée par la poésie,
Irradiée par l'Esprit,
Marcher dans la lumière,
Grandir,
Capter une énergie transcendante,
Se laisser traverser, s'oublier, s'extasier.
En harmonie complète,
Baignée d'amour,
Vibrer corps et âme,
Vivre l'intelligence du cur,
Instants de pure béatitude.
Une aventure étrange, physique,
Hédoniste, mystique,
Poétique,
Psychanalytique.
Une expérience
Spirituelle.
LA PLUME DE GALLY
Tout est dit
Et tout reste à écrire.
La vie vaut d'être écrite
Pour mieux se décrypter.
C'est l'enjeu de la PLUME
De se faire si belle
Qu'elle nous donne
A chacun
De convoler en poésie
Et de tirer
Ma foi
Notre épingle du JE
En élevant nos voix,
Ces feuilles vives
Qui se ramassent à l'appel
Présentation d'un
travail pour la Journée Axes
et Cibles Analytiques
26 avril 2003
Sophie Brugerolles
brugerolles@wanadoo.fr
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