cuxÆ

 

Stefan H. Chedri

 

 

Déjà Aristote à l’encontre des pythagoriciens et de Platon avait fait de l’âme une réalité inséparable du corps. Pour lui l’âme et le corps ne sont pas deux substances distinctes mais deux éléments inséparables d’une substance une. L’âme ne peut exister en dehors d’un corps. Aristote définit alors l’âme comme “une entéléchie première d’un corps naturel ayant la vie en puissance, c’est à dire d’un corps organisé”[1]

Aristote l’énonce dans de l’âme. La cuxÆ n’est pas séparée du corps : "s≈matow d• ti";  elle est “quelque chose du corps” (  ) en interdépendance, “impliquant aucune idée de subordination”[2]

La cuxÆ, comme la pulsion, est un concept-limite. Elle est le proprement vivant, ce qui fait que le vivant est vivant et se ”déploie”. C’est donc une notion centrale dans la conception de la vie.

Difficilement traduisible, cette notion rejoint les recherches qui étudient le niveau le plus fondamental de la vie psychique comme faculté de faire émerger des significations. La vie psychique ou l’activité psychique (dans ses aspects conscient et inconscient) est inscrite corporellement dans le corps, comme l’affirme F. Varela, neurobiologiste, directeur de recherche au CNRS. Plus particulièrement Varela étudie la cognition comme propriété émergente des systèmes vivants complexes (le réel biologique). Le b€ow, pour reprendre le terme d’A. Pichot, serait le fondement véritable des systèmes représentationnels. Tout cela bien sûr en relation avec le contexte culturel et symbolique, la relation à l’autre : la cuxÆ n'est séparable ni du corps, ni du monde.  Mais là n’est pas notre propos.

Aristote en avait donc l’intuition. A la cuxÆ, il associe différentes fonctions (dunèmeiw) : nutritive (yreptkÆ), sensitive (afisyhtikÆ ), pensante (dianohtikÆ ), désirante ( ÙrektikÆ ), motrice (kinhtikÆ) etc.

A noter qu’Aristote considère la fonction désirante et la fonction motrice comme des effets secondaires de la sensation (inscription de la psyché dans le corps vivant-vécu) dans la mesure où le désir présuppose l’imagination et provoque le mouvement.

 

juillet 2007


 

[1] Aristote, De l’âme, p. 23

[2] Aristote, De l Âme, p. 79