Pierre Babin Chaque jour, à chaque
séance... Chaque jour, à chaque séance,
avec chaque patient, un psychanalyste est responsable de la reproduction
de la psychanalyse.
Cette responsabilité a un statut symbolique et psychanalytique
; elle a aussi une valeur juridique implicite : l'événement,
l'acte du juste.
Quand au cours d'une seconde ou troisième
tranche un patient fait état de la façon dont il
a été abusé financièrement par un
psychanalyste antérieur, c'est toute la psychanalyse qui
est endommagée et injuriée.
Prendre acte de la " laïcité
" de la psychanalyse et en assurer la défense et
la promotion, passe aussi par la solidarité de la communauté
des psychanalystes qui accordent les conditions de leur acte
autant au " secours matériel " qu'au "
secours psychique " (Freud) : le secours du patient, pas
de la poche du psychanalyste.
Bien avant l'apparition sidérante
de la misère de masse et de la foule des exclus, on savait
qu'ici et là certains se tuaient à vivre pour payer
leur psychanalyste.
Dans une culture où l'idée
de communauté est si malade, voire complètement
morte, la communauté des psychanalystes si elle n'est
pas communauté introuvable, pourrait commencer à
repriser le tort subi par l'idée même de communauté,
en étant très vigilante sur ce thème et
ses conséquences pratiques : la reproduction des psychanalystes.