
"Les projecteurs éclairent
des rues vides, des alignements de bâtisse de briques sombres.
Vide? Mais qui est donc ce petit bonhomme qui sprinte comme un
dératé dans la lueur de glace qui illumine le lager
comme pour une fête? Ca va être la tienne de fête,
crétin! Je cours, je cours, je cours. J'attends la rafale
qui va partir d'un des miradors. j'attends la rafale qui va partir
d'un des miradors. Personne ne peut y couper. chaque poste de
surveillance tient sous son feu un axe dont on ne peut pas sortir.
reste la solution de me balancer sur les barbelés électrifiés.
Je découvre réellement
la peur. Pas une angoisse, pas l'imaginaire en mouvement; le
réel. Je suis le "1000" pour tous les mitrailleurs
SS. Seule question, quel mirador va tirer le premier?
C'est à ce moment précis
que j'ai cessé de faire partie du monde "normal"
pour revêtir ma nouvelle peau : celle du déporté."
Joseph est auteur de nombreux récits
de fiction. Ici, il évoque directement son vécu
à Auschwitz, sa libération et les jours qui ont
suivi.