
Où sont passés les
pères? Les bouleversements de mai 1968, le mouvement féministe
des années soixante-dix, une justice qui privilégie
la mère dans la garde de l'enfant et une médecine
qui, avec la procréation assistée, tend à
se substituer au père, tels sont les jalons d'une évolution
des mœurs sans précédent. Au cours de ces trente
dernières années, la figure paternelle s'est peu
à peu lézardée. Les conséquences
en sont lourdes. Un nombre impressionnant d'enfants ne voient
jamais leurs pères, la délinquance se développe
dans les villes et les banlieues et les institutions prenant
en charge la santé mentale de l'enfant sont débordées.
Il devient urgent de redonner leur place aux pères et
de redéfinir leur rôle dans l'épanouissement
de l'enfant.
Être père ce n'est pas être un substitut de la mère.
C'est occuper dans la vie mentale de l'enfant une place dont
dépendent sa construction et sa santé psychique.
Un enfant se conçoit autant dans des propos et des désirs
partagés que que dans un acte sexuel. Si le rôle
de la mère est de porter son enfant dans son corps, celui
du père est de le porter dans ses pensées et ses
désirs. interdire à l'enfant de comprendre qu'il
est le fruit du désir de ses deux parents c'est le condamner
à l'emprise d'un monoparentalisme dévorant, qui
le prive de tout accès à l'autonomie et le rend
incapable de s'intégrer à la société.
Écoutant des enfants, des pères, des mères depuis
plus de vingt ans, Didier Dumas montre, à travers les
propos, les souffrances et les "folies" des petits
et des grands, que cette méconnaissance du rôle
du père dans la construction psychique et spirituelle
de l'enfant est la première cause de tous ces désordres
mentaux. Et que les troubles dus à la démission
des pères se transmettent et se répètent,
en s'aggravant d'une génération à l'autre.
Psychanalyste d'enfants, Didier Dumas
a longtemps travaillé avec Françoise Dolto. Il
est l'auteur pour ses principaux ouvrages de la Sexualité
masculine (1990), de l'Ange et le fantôme (1985)...