Que la douleur affecte
un sujet dans sa totalité ou qu'elle n'atteigne qu'une
petite partie de son corps, elle lui inflige une sensation insupportable
et le plonge dans le désarroi. Aucun mot ne semble pouvoir décrire
l'expérience de la douleur. Elle révèle
un non-sens, non seulement du corps mais de l'existence même.
L'homme ne peut la nier, que difficilement l'oublier, rarement
lui échapper, jamais l'éviter. Or, notre civilisation,
toute de maîtrise et de technologie, semble avoir de plus
en plus de mal à supporter la douleur, cet indomptable
de la subjectivité humaine, qui résiste toujours
à la médicalisation et met en échec les
théories neuro-bio-physioligiques.
L'auteur, qui s'inscrit dans la logique
freudienne, soutient que la douleur n'est pas une conversion
comme d'autres symptômes mais qu'elle a un statut métapsychologique qui lui est propre. Ainsi, plutôt que d'affirmer que la
douleur a une fonction, Laurence Croix démontre
qu'elle est une fonction dans l'appareil psychique.
A travers des tableaux cliniques variés
-qui vont de la douleur du membre fantôme, des lésions
qui accompagnent des lésions organiques ou des maladies,
des analgésies repérées dans l'autisme de
l'hystérie... à la douleur de l'existence- cet ouvrage
étudie les spécificités de la douleur, notamment
dans le rapport intime que la femme entretient avec elle et dans
le cadre des perversions. Dans le même temps, il permet
de faire le point sur des notions fondamentales comme: corps,
affect, symptôme, masochisme, traumatisme, angoisse,
et répond au devoir éthique de tout clinicien de
reconnaître la douleur en soi.
Docteur en psychologie clinique, Laurence
Croix est Maître de Conférences à l'université
Paris X-Nanterre. Psychologue praticienne, elle a travaillé
en psychiatrie, dans un service hospitalier antidouleur et dans
des centres spécialisés pour toxicomanes. Elle
est psychanalyste à Paris et membre de l'Espace Analytique.