LIBERATION 04.05.06

Freud, 150 ans

OEdipe, par Alain de MIJOLLA et Alain VANIER

 

Ce mot condense la notion psychanalytique de «complexe d'Oedipe». Celui-ci montre les liens affectifs conflictuels conscients et inconscients qui unissent dès le plus jeune âge le père, la mère et l'enfant, trio symbolique des relations humaines, chacun aimant et haïssant l'autre, tour à tour, au long de son évolution. Ce sont des étapes importantes dont le plus ou moins net franchissement marquera la psychopathologie de chacun, car l'Oedipe est «le complexe nucléaire des névroses». Son évolution n'est pas la même chez le garçon et chez la fille, en raison de l'attachement primaire qui unit à la mère. Dans la vie adolescente, puis adulte, le père peut être remplacé par quelque homme, la mère par une représentante féminine et l'enfant par le Moi de celui qui s'interroge. Mais ce Moi peut aussi tenir les autres rôles, en fonction des circonstances. La structure des désirs humains est ternaire, ce qui permet de dépasser les oppositions de certains ethnologues à l'universalité de l'Oedipe.

Il est le complexe nucléaire des névroses. L'Oedipe est un mythe qu'il convient de réduire à la structure qu'il habille. Classiquement, il s'agit d'un ensemble organisé de désirs amoureux et hostiles que l'enfant éprouve à l'égard de ses parents. Mais, pour le garçon comme pour la fille, le premier objet d'amour aura été la mère. Un tiers terme, fonction du désir de la mère, dans notre culture le père, vient interdire celle-ci, et sépare l'enfant. L'Oedipe est ainsi lié à l'interdit de l'inceste, c'est-à-dire à la renonciation à une jouissance, et met en jeu la castration, en effet le mythe oedipien fait du père le lieu de la castration alors qu'elle n'est que de la prise du sujet dans le langage.

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