Rares ces jours-ci sont les paroles de
ceux qui prouvent que le travail psychanalytique accompli «parle
de lui-même"; et que celui qui les émet a d'abord
«pour lui-même» traversé cette cure
dans laquelle il propose à l'autre de s¹engager.
Certains gourmands ont tôt fait de s¹attaquer au symptôme,
de le cuisiner, s'en nourrir et l'alimenter. Provoquant un trauma
égal à celui, chez eux dénoncés,
du rapport Accoyer. Est-ce pour laisser trace de leur nom, à
côté de celui de ce dernier, dans l'histoire?
La psychiatrie va mal. À entendre
leurs cris par internet et autres médias interposés,
les psychologues de la psychologie clinicienne, ou pas, aussi.
Les uns et les autres se contaminant parfois à coup de
propos tantôt
chaleureux, tantôt suspicieux, qui se réclament
d'on ne sait plus quelle psychanalyse.
D'autres propos ­ comme hors actualités ­ et qui
développent le travail d'une pensée à long
terme - me semblent des plus rassérénants. Mieux
désengagés d'une certaine folie. Moins encombrés
qui sait par le désir de
séduire les foules ou de s'emparer d¹un marché.
Espérons qu'à long terme ce sont eux qui sauront
se faire entendre par delà on ne sait quelle urgence imposée
des calendriers électoraux...
Oui la peur est mauvaise conseillère.
Non cet amendement ne part pas de bonnes intentions. Qui a le
courage de le dire ? Qui le sait ? Qui le sent ? Qui l'entend
?
Il ne s'agit pas de renier la nécessité des lois,
ni de s¹opposer à leur élaboration. Mais s'il
était vraiment chargé de bonnes intentions je ne
crois pas qu'il aurait déjà fait tant de dégâts.
Il a mis en valeur la souffrance. Ce qui n¹est pas si mal
? Je ne sais. L'ignorer auparavant qui voulait bien l¹ignorer.
D'aucun vont maintenant se charger de l'étouffer. Ou de
nouveau s'en repaître. Sa valeur est évidente pour
ceux qui, se proposant de se substituer aux législateurs,
font semblant de l¹avoir entendue pour se faire écouter.
Qu'a donc à faire la psychanalyse
dans tout cela ? Beaucoup, à moins de se trahir pour enrégimenter
et servir la politique politicienne d¹un discours dont elle
s'exclut d'elle-même.
L'inconscient ne peut qu'échapper
à l'état, à ses représentants, ou
à ceux qui se proposent (ou s'imposent) comme interlocuteurs
de choix, sauf à accepter d'abord à considérer
le sien, le leur, les leurs... Travail immense
qui semble d'autant plus loin d'être achevé qu'il
semble trop souvent aussi
ne pas avoir commencé.
La laïcité pour se vivre,
se dire, ne devra-t-elle aussi leur échapper comme à
toutes les églises? Je me le demande.
Le demande aussi. Merci d'avoir prix le temps de lire ces quelques
propos, peut-être emportés,
mais, qui depuis quelques semaines résonnent pour ce faire
entendre par quelque psychanalytique oreille.
Sophie Seytre
Décembre 2003
psychanalyse in situ