Manifeste pour la psychanalyse

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Séminaire « Les psychanalystes et la psychanalyse* »

La prochaine séance du séminaire aura lieu le mercredi 10 mai 2006,
à 20h45, au Fiap Jean Monnet, 30 rue Cabanis, 75014 Paris.

– Un point sera fait sur la situation concernant les décrets d'application de la loi sur l'usage du titre de psychothérapeute.

– Intervention de Sophie Aouillé : En 1978 à Deauville, lors des assises de l'EFP sur la passe, Jean Clavreul rappelait que le scissions de1953 et de 1964 se sont faites "parce que certains analystes – la plupart il faut bien le dire – se précipitaient au-devant d'une exigence réelle ou supposée des organismes de tutelle, Ordre des médecins ou Société psychanalytique internationale", soulignant que c'est évidemment toujours au détriment des exigences spécifiques du discours psychanalytique que cela se produit. Rien de nouveau donc aujourd'hui, mais pourquoi ce retour du même advient-il maintenant ? Quelles en sont les coordonnées ?

 

* Le Manifeste pour la psychanalyse, qui s’était opposé à toute réglementation de la psychanalyse sous couvert de celle des psychothérapies, a reçu plus de 650 signatures. Un certain nombre[1] de ceux qui avaient lancé ce manifeste a décidé de poursuivre, sous la forme d’un séminaire.

Dernier avatar de l’amendement Accoyer, l’article 52 de la loi n° 2004-806 a été promulgué le 9 août 2004. Pour la première fois la psychanalyse est ainsi nommée dans une loi de santé publique. Le droit qui y est accordé aux psychanalystes « régulièrement inscrits sur les listes de leurs associations » d’accéder au titre de psychothérapeute va induire pour certains une confusion entre l’expérience psychanalytique et les pratiques qui visent directement et uniquement un résultat « thérapeutique », d’ailleurs difficile à définir. C’est le premier pas d’une compromission avec la logique de l’évaluation qui s’étend dans le champ de la santé, et qui mesure les pratiques à l’aune de leur résultat prédéfini par des « experts ». En témoigne le fait que d’ores et déjà des « formations à la psychothérapie analytique » sont mises en place par certaines associations, conséquence logique de l’accréditation implicite obtenue par la loi.

Chacun en convient pourtant, c’est l’avenir de la psychanalyse qui est en jeu. Tout dépendra de la rigueur et de la détermination des analystes face aux dérives qui la menacent. La logique freudienne du un par un, que l’analyste soit ou non membre d’une association, ne doit pas disparaître derrière le pouvoir de la logique institutionnelle.

Une certaine politique a jusque-là imposé sa temporalité, il est nécessaire à présent d’instaurer un espace et un temps de la réflexion, pour prendre la mesure des difficultés théoriques qu’il s’agit d’affronter, car nul ne peut prétendre avoir ici le dernier mot. Les problèmes posés à la psychanalyse ne seront pas résolus par des prises de position simplistes, idéologiques ou pragmatiques, mais nul ne peut ignorer que l’administration des psychanalystes fait partie de la psychanalyse, comme Freud l’a établi dans La question de l’analyse profane.

 

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[1] Il s’agit de Sophie Aouillé, Pierre Bruno, Franck Chaumon, Guy Lérès, Michel Plon et Erik Porge.